Intersexuation

Qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? demandait Dieu . Je suis au-delà de ces différences et de ces oppositions. Et toi aussi, petite âme, tu es au-delà de ces séparations. Que m’importent homme ou femme ? Et que m’importent leurs vertus ? Moi, c’est au Mal que j’ai affaire, et c’est autre chose que la morale… Ah ! si les hommes savaient qui je suis, le monde deviendrait vivable, la terre deviendrait habitable : hommes et femmes reconnaitraient qu’ils sont semblables… Mais l’être humain a peur de sa liberté. Il a besoin de la Loi, il aime la Loi autant qu’il la déteste. Il a besoin de normes, à tel point qu’il a fait de moi, Dieu, une Norme, un Absolu, alors que je suis le contraire d’une Norme, je suis la Liberté – je suis le contraire d’un Absolu puisque je suis la vie ! Et toi petite créature, il faut bien que tu t’arranges avec ça. Dostoïevski, vois-tu, aurait pu dire autrement : l’âme, sur terre, n’a pas seulement à s’arranger avec Dieu, elle a aussi à s’arranger avec les hommes… Moi, tu sais, ce n’est pas ton apparence que je regarde, c’est ton cœur, et ton cœur n’est ni celui d’un homme ni celui d’une femme. Si femmes et hommes sur terre m’aimaient vraiment, le monde aurait un tout autre visage : il n’y aurait pas, d’un côté les hommes, de l’autre les femmes, ces prisons de chair… Il y aurait une infinie diversité d’êtres humains, d’hommes-femmes… Vois-tu, l’Homme et la Femme, ça n’existe pas, ce ne sont que des normes sociales, des Absolus sans réalité… Mais malheur à celui qui ne s’y reconnaît pas ! Malheur à l’homme libre ! Les humains ont tellement peur de voir s’effondrer ces colonnes du Temple que sont la Norme, la Loi, cet Absolu dans lequel ils m’ont enfermé. Mais moi j’aime, je veux les hommes libres ! libres de leur esprit, libres de leur corps, de leur sexualité, de ces prisons sociales dans lesquelles on les dresse : hommes, femmes… Oui, il y a des mâles et des femelles, je l’ai voulu ainsi. Mais "l’homme est un animal qui a reçu vocation de devenir Dieu…"