Un petit conte
Un homme avait choisi la pauvreté. Il s’était retiré au désert, dans la solitude, le silence et le renoncement, et avait formé dans son cœur le vœu de demeurer immobile face au vide, les bras tendus devant lui, les paumes des mains ouvertes vers le ciel, dans un geste d’attente et d’imploration. Des années durant il se figea dans cette immobilité de statue, jusqu’à ce que des hirondelles fîssent leur nid dans le creux de ses mains ; et longtemps il leur fut accueillant et parfaitement indifférent. Mais un matin les hirondelles s’en allèrent et le soir ne revinrent pas. Il ne bougea pas, n’espérant plus rien du monde ; mais des larmes coulèrent sur son visage de pierre[1].