Stoïcisme et pensée chrétienne

Publié le par chris

"Le Christ nous demande donc deux choses : condamner nos péchés, pardonner ceux des autres, faire la première chose à cause de la seconde, qui sera alors plus facile, car celui qui pense à ses péchés sera moins sévère pour son compagnon de misère. Et pardonner non seulement de bouche, mais « du fond du coeur », pour ne pas tourner contre nous-mêmes le fer dont nous croyons percer les autres. Quel mal peut te faire ton ennemi, qui soit comparable à celui que tu te fais toi-même ?... Si tu te laisses aller à l'indignation et à la colère, tu seras blessé non par l'injure qu'il t'a faite, mais par le ressentiment que tu en as.

      Ne dis donc pas : « Il m'a outragé, il m'a calomnié, il m'a fait quantité de misères. » Plus tu dis qu'il t'a fait du mal, plus tu montres qu'il t'a fait du bien, puisqu'il t'a donné occasion de te purifier de tes péchés. Ainsi, plus il t'offense, plus il te met en état d'obtenir de Dieu le pardon de tes fautes. Car si nous le voulons, personne ne pourra nous nuire ; même nos ennemis nous rendent ainsi un grand service... Considère donc combien tu retires d'avantages d'une injure soufferte humblement et avec douceur
."

Jean Chrysostome

Où l'on voit comment la pensée grecque, en particulier la philosophie stoïcienne, est entrée en contact avec la pensée chrétienne. Il existe dans l'âme un lieu pour l'homme de liberté inviolable; les stoïciens le désignent comme "la partie supérieure de l'âme", cette fine pointe de l'âme que les Pères, empruntant au vocabulaire grec, appelleront le nous, l'esprit ou l'intelligence, capable de se tourner vers la lumière divine et d'être captée par elle. Le stoïcisme avec Epictète distingue entre "ce qui dépend de moi" - la componction sincère, "du fond du coeur", et le pardon de mes péchés - et "ce qui ne dépend pas de moi" - l'injure ou l'injustice que je subis. L'homme, en son âme, trouve le refuge de sa liberté; là, "si nous le voulons, personne ne pourra nous nuire" écrit Jean Chrysostome; nous aurons rejeté "ce qui ne dépend pas de nous", ce qui ne relève pas de notre liberté véritable - l'injure et la colère ou le ressentiment qu'elle provoque -, et accueilli ce qui dépend de nous-seuls, la considération de nos propres fautes et le pardon de celles d'autrui à notre égard.

Publié dans Christianisme

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A
<br /> vi de dénoncer le péché, de nous repentir, de le confesser et de pardonner.<br /> Bonne continuation<br /> <br /> <br />
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R
<br /> En Jésus nous pouvons puiser la force pour pardonner ,mais faut déjà que notre coeur soit entièrement à lui pour avoir cette force de pouvoir pardonner .<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci de ton passage et de ton commentaire... Enfin le pardon est difficile, il réclame une ascèse spirituelle de toute une vie. J'ai lu l'histoire des trois arbres sur ton blog. Elle est très<br /> émouvante et très belle. Bien à toi.<br /> <br /> <br />