Quand le ciel nous tombe sur la tête

Ils avaient bien raison, ces Gaulois, de craindre que le Ciel ne leur tombe sur la tête. Cela peut être dit autrement: la maison s'écroule, il n'y avait pas de fondations. Cela peut être dit encore autrement: tu as perdu ton emploi, tu as divorcé, tu as sombré dans la maladie, la dépression, l'angoisse indicible, invisible. Les grands mots, les grands dogmes, production, consomation, niveau de vie, culture, civilisation, religion, même Dieu, oui Dieu Lui-même, tout cela a sombré avec toi. Car ce ne sont pas seulement tes illusions, tes croyances, que sais-je? qui sombrent, c'est toi. Alors peut-être t'est-il donné "des oreilles pour entendre". Peut-être tout au fond de ce chaos (chaos, ouverture en grec) t'éveilles-tu - mais o comme cela ressemble à la mort, à l'exclusion de tout et de (presque) tous, à la séparation radicale! - peut-être entends-tu quelque chose de ce qui se dit du côté de la Grande Nuit, du Néant au-delà du néant (car celui-ci, longtemps, ne reste qu'un mot), de la Mort, de cette mort vivante si j'ose dire au coeur même de la vie? Peut-être t'éveilles-tu à la Lueur sacrée dont la Lumière est Ténèbre, à la Parole sacrée dont le dire se tait, à ce qui n'est pour beaucoup que vide, silence, imagination, illusion, irréel? Peut-être commences-tu à entendre ce qui se murmure à travers le vacarme de la vie et du monde quelque part du côté de l'évangile? Peut-être le Réel véritable commence-t-il à t'apparaître d'une façon bien étrange, insaisissable, inexprimable? Peut-être sens-tu naître la Vie en toi?