Ce que dit la souffrance de l'âme...

Publié le par chris



Dans la souffrance* l'âme se réfugie à l'intérieur: elle cherche le coeur, le tréfonds de l'être, car elle pressent que là où est le mal, là est aussi le salut. Si au contraire la souffrance la relâche, l'âme bondit hors d'elle-même et s'élance vers le monde comme un enfant qui veut faire ses premiers pas.
C'est dans cette balance, ce double mouvement entre intériorité et extériorité que l'âme trouve son équilibre, sa respiration. Comme si l'âme appartenait aux deux; comme si elle ne pouvait être appréhendée que dans ce lien qu'elle établit entre la pure intériorité et sa solitude, et le monde qui nous invite à cette sortie hors de soi qui est le mouvement même de l'amour.
Sans la solitude, point d'amour vrai. Sans l'autre, sans le risque de l'étrangeté, point d'amour possible, sinon celui d'une âme qui se reflète infiniment dans son propre miroir et se perd dans son reflet.
Nous ne pouvons tenir une image ferme de nous-même que dans le regard pourtant déformant de l'autre. Mais nous avons besoin de la solitude pour corriger cette image et nous approcher d'une vérité toujours insaisissable et essentiellement étrange, ailleurs que dans le miroir du seul.
C'est ce que dit ou ce qu'annonce la parole: cette étrangeté qui retentit au plus intime de nous-même, cette lumière qui loge au plus obscur; et en même temps ce risque hors de soi qui tisse les liens d'une possible vie d'amour. Aussi ténus soient-ils, aussi fragiles, ils sont de la parole: ils disent quelque chose de cet insaisissable et indicible qui nous habite. Et ils le disent, quand la parole est vraie, quand la parole est vraiment parole, comme hors de nous-même et de toute maîtrise que nous pourrions avoir sur nous-même. C'est cette étrangeté que nous aimons chez l'autre, cette parole qui échappe à toute image et qui défait toute assurance que nous pourrions avoir sur la vérité de l'autre.
L'autre est ailleurs que là où nous l'aimons, et c'est pourtant dans cet ailleurs que nous l'aimons vraiment.

* Il s'agit ici de la souffrance chez le dépressif

Publié dans Dépression

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